Oyez, oyez
Voilà une dictée avec ce verbe intéressant qu’est ouïr ; verbe peu employé mais avec trois formes possibles pour le conjuguer. Heureusement, nous sommes sur Dictalys qui accepte les différentes variantes orthographiques.
Alors oyez ma question et j’ouïrai (j’orrai ; j’oirai) vos réponses.
Dans la dictée, nous avons : qui eut ouï-dire de l’horrible sort…
Pour quelle raison faut-il un trait d’union ? Il me semble qu’il eût fallu : qui eut ouï dire de…
C’est-à-dire le participe passé du verbe ouïr suivi d’un infinitif.
Le Dictionnaire de l’Académie française indique :
« OUÏ-DIRE
nom masculin invariable
XIIIe siècle, dans l’expression par oïr-dire. Composé d’ouïr, avec chute du r final, et de dire.
Ce que l’on apprend d’autrui sans l’avoir vu ni entendu soi-même, ce qui est connu et propagé par la rumeur publique. Je n’en parle que par ouï-dire. Il ne faut pas s’arrêter aux ouï-dire. Ce n’est qu’un ouï-dire. À en croire les ouï-dire… »
Et
« Vieilli. Entendre. Ne s’emploie plus guère aujourd’hui qu’à l’infinitif et aux temps composés. J’ai ouï dire qu’il viendrait »
Et la Banque de dépannage linguistique du Québec indique :
« Le nom ouï-dire, qui est souvent employé dans la locution par ouï-dire, est invariable et s'écrit toujours avec un trait d'union. La première partie de ce nom composé correspond au participe passé du verbe ouïr; c'est pourquoi il s'écrit avec un tréma. On évitera donc d'écrire oui-dire, sans tréma, ou encore ouïe-dire. On doit aussi éviter de confondre le nom ouï-dire avec le participe passé du verbe ouïr lui-même, qui peut être suivi du verbe dire; cette forme verbale ne prend pas de trait d'union.
Exemples :
J'ai ouï dire que tu passeras tes vacances aux États-Unis. (forme verbale, sans trait d'union)
J'ai déjà entendu ce ouï-dire, mais je doute qu'il soit vrai. (nom, avec trait d'union »
Le CNTRL indique :
« [Suivi de l'inf. du verbe dire ou d'autres verbes du même paradigme, l'agent du procès exprimé par ce verbe n'étant gén. pas précisé, pour signifier qu'il s'agit de propos, d'informations répandus par la rumeur publ.] J'ai ouï parler, à cette époque, de plusieurs petites conspirations (STENDHAL,Racine et Shakspeare,t.2, 1825, p.79).Voilà tout ce que j'ai ouï dire des sentiments royalistes de la foule (ADAM,Enf. Aust.,1902, p.164).La chair de cet oiseau (...), doit être noire et coriace. Je n'ai pas ouï dire qu'elle fût comestible (A. FRANCE,Pt Pierre,1918, p.159) »
Donc, à mon avis, il n'eût pas fallu de trait d’union, mais avec les écrivains modernes, sait-on jamais. Je l’ai mis car j’avais un mot de trop, d’après le comptage de Dictalys, et comme ouï-dire est une expression consacrée, j’ai pensé à juste titre, que c’était mon mot de trop.
Bonne journée
Et je rajoute ce magnifique texte (à mon avis) de ce magicien des mots qu'est Raymond Devos :
Le verbe ouïr, un verbe très difficile à conjuguer
Au présent, ça fait :
J'ois..
Si au lieu de dire " j'entends ", je dis " j'ois ",
Les gens vont penser que ce que je dis est joyeux,
Alors que ce que j'entends peut être particulièrement triste.
Il faudrait préciser :
" Dieu ! Que ce que j'ois est triste !"
J'ois..
Tu ois..
Tu ois mon chien qui aboie le soir au fond des bois ?
Il oit..
Oyons-nous ?
Vous oyez !
Ils oient.
C'est bête !
L'oie oit. Elle oit, l'oie !
Ce que nous oyons, l'oie l'oit-elle ?
Si au lieu de dire " l'oreille ", on dit " l'ouïe ", alors :
L'ouïe de l'oie a ouï.
Pour peu que l'oie appartienne à Louis :
" L"ouïe de l'oie de Louis a ouï "
" A oui ? "
" Et qu'a ouï l'ouïe de l'oie de Louis ? "
" Elle a ouï ce que toute oie oit.. "
" Et qu'oit toute oie ? "
" Toute oie oit, quand mon chien aboie le soir au fond des bois, toute oie oit : OUAH ! OUAH ! "
" Qu'elle oit, l'oie !
Et le lien qui va avec :
https://www.youtube.com/watch?v=eUYRZtrfq5k
Bonne journée
Excellent ! Je vous remercie jeanpaul31 pour cette précieuse aide. j'apprécie également ce texte ajouté de l'incomparable Monsieur Devos. Bonne journée à vous